Etrangère...dans un lieu féérique (Ellerina)

Invité

Dans les plaines, un souffle de vent caressait les hautes herbes qui se balancaient au rythme incessant de ce va-et-vient, dans un ballet fait de flux et de vagues. Le soleil, qui s'était fait tapant toute la journée durant, s'approchait maintenant de l'horizon, suivant ce cycle immuable de mort et de renaissance. On entendait guère le bruissement de l'air dans les feuillages, ainsi que les rares sifflements des quelques oiseaux qui s'en retournaient dans leur nids pour la nuit.
Au milieu de cette verdure se dessinait une silhouette sombre, encapuchonnée. Frôlant de ses doigts fins les quelques herbes folles qu'elle traverse, la jeune femme marchait d'un bon pas et semble perdue dans ses pensées. Mais il n'en était rien. Les sens aux aguets, Afareen conservait toute sa concentration, guettant le moindre signe qui pourrait lui indiquer qu'elle n'était pas seule. Mais, ce soir, il n'y avait pas âme qui vive. Poursuivant son chemin sur un sentier rocailleux, elle remit d'un geste machinal une des nombreuses mèches rebelles de sa chevelure derrière son oreille droite.

Presque chaque matin, elle venait, toujours sur la défensive, ses sens aux aguets, se détendre avant de plonger dans l’activité incessante du Palais du Roi. Ses pas aimaient à le conduire au-delà de la Grande Cité des Humains, perchée sur le flanc d’une colline boisée, noyée dans une végétation luxuriante, protégée par la lumière diffuse d’un parasol de branches ployant sous les fruits des arbres dominants.

La forêt était à Afareen ce qu’était le jardin d’Eden pour Adam… un jardin secret. Une sorte d’aire de jeux qui pouvait devenir une aire pour un jeu morbide et sanglant, un jeu qui pouvait signer son arrêt de mort aussi brutalement qu’une lame pouvait s’enfoncer dans un cœur. Le danger rôdait quasi-permanent, un danger qu’aucun humain ne se devait de jamais oublier.
Le vent transportait les odeurs, les senteurs, les saveurs. La brise pouvait se mettre à chantonner des mélodies, se mettre à pousser des cris, se mettre à déchirer la lumière merveilleuse. D’ici, Afareen sentait tout, entendait tout, écoutait encore et encore tout.
Immobile, assis sur un rocher plat à peine humide de la nuit passée, les yeux mi-clos, le nez juste à peine relevé, la paume de ses mains tournées vers l’astre qui brillait, elle se fondait dans cette nature qu’elle aimait.

La chaleur montait en elle, en osmose avec celle qui descendait du ciel, énergie salvatrice qui empêchait les rats de sortir de leur trou.
Déchirant la frondaison des cimes, un rai de lumière éclairait l’abord d’un ruisseau, auquel la jeune femme vînt s’agenouiller. Formant de ses deux mains une coupe de fortune, elle puisa dans l’eau fraîche et claire pour s’en abreuvoir, essuyant ensuite d’un revers les quelques gouttes qui coulèrent le long de sa gorge. Elle laissa ensuite glisser ses doigts dans le léger courant, appréciant cette force tranquille de l’eau qui parvient à user les montagnes.
Immobile, les bras le long de son corps, elle goûta avec délectation la saveur d’une nature sauvage et indomptée. Puis elle reprit son chemin, avec autant de détermination que quelqu’un qui connaissait la destination de son voyage. Elle n’en demeurait pas moins des plus prudentes, ses sens perpétuellement aux aguets. Le chant du ruisseau couvrant le son de ses pas, elle se déplaçait avec souplesse et agilité, évitant les branches pour ne laisser aucune trace de son passage.

Se redressant, elle enleva sa cape et la fit disparaitre avant de s’immobiliser, les yeux fermés, le visage tendu vers l’étoile à qui ils devaient tous la vie. Rien n’en valait la lumière, ni la chaleur… Inspirant profondément, elle se laissa envahir par ce si rare sentiment de quiétude, calme profond qu’elle n’arrivait à atteindre que dans la solitude.
Peu à peu, Un son provenant de nulle part vint emplir l'air. Les bras de la majestueuse danseuses se mirent à mouvoir gracieusement , tandis que ses hanches ondulèrent avec souplesse au rythme lent des tambours. Sa chevelure tombait à chaque mouvement de ses fesses...Sensuelle et mystique, Ses pas emmeneait n'importe quel voyageur dans un inoubliable fantasme. Il lui semblait que tout son corps était en hamonie avec la nature.

Citation :

Mais un bruit inhabituel en ce lieu enchanté venait perturber le cycle de sa danse. Non, pas un bruit mais un imperceptible mouvement glissant, une fluidité de mouvement à la félinité toute naturelle. Voilà ce que ressentait Afareen, toujours dans ses mouvements et les yeux clos, son ouie aux quatre vents, son corps tendu près à bondir au moindre doute.
Etonnement, elle n’avait pas peur. La peur avait une odeur qu’elle n’aimait pas. Elle jouait avec sa vie mais elle espérait ne jamais se tromper dans ses certitudes profondes. Afaree'n avait toujours, inconsciemment, senti le danger avant qu’il n’approche de trop près. A la seconde où elle entendait des pas approcher , elle se retourna subitement,, sa chevelure retombant sur ses hanches..Elle ouvrit alors les yeux sans bouger, sa main gauche tenait fermement une lame aiguisée, on ne savait jamais, on pouvait se tromper…
Et son regard insolent croisant ce regard de clace...Cette silhouette majestueuse et cette beauté elfique...Un visage dont elle ne pourra sans doute jamais oublier...